Mener à bien votre projet immobilier en respectant la RT 2020

Une réglementation qui a changé la donne sans tambour ni trompette : depuis le 1er janvier 2022, toute demande de permis de construire pour un bâtiment neuf doit s’aligner sur la RE 2020. Adieu la simple quête de performance énergétique, le carbone s’invite désormais au cœur de chaque projet, du premier coup de crayon à la dernière tuile posée.

Certains bâtiments conservent quelques marges de manœuvre, mais pour la majorité des projets résidentiels neufs, le message est limpide : il faut miser sur des matériaux biosourcés, maîtriser chaque kilowatt consommé et anticiper les étés caniculaires que l’on sait désormais inévitables. Architectes et techniciens n’ont plus le luxe de l’approximation : la réglementation bouscule la conception même des logements.

Comprendre la RE 2020 : une nouvelle ère pour la construction immobilière

Dès le passage à 2022, la RE 2020 s’est imposée comme le nouveau standard réglementaire pour tout bâtiment qui sort de terre. Qu’il s’agisse de maisons individuelles, d’immeubles collectifs, de bureaux ou d’établissements scolaires, chaque projet doit répondre à des attentes inédites. Conçue par le ministère de la Transition écologique et le Cerema, cette réglementation ne s’arrête plus à la simple économie d’énergie : elle élargit l’horizon à l’ensemble du cycle de vie du bâtiment.

L’ambition affichée va double : d’un côté, viser l’excellence énergétique ; de l’autre, réduire drastiquement l’empreinte environnementale grâce à un vrai calcul du bilan carbone. La performance n’est plus jugée à l’aune de la seule facture d’électricité : elle s’évalue sur tout ce qui compose, anime et fait vieillir le bâtiment, du choix des matériaux jusqu’à leur recyclage.

Ce virage s’inscrit dans la trajectoire du Facteur 4, objectif hérité du Grenelle de l’environnement : diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Et pour ne rien laisser au hasard, la RE 2020 repense aussi la gestion des pics de chaleur. Mieux retenir la fraîcheur, éviter la tentation de la climatisation, abaisser les besoins énergétiques en toute saison : la nouvelle donne modifie radicalement la façon de penser et de construire.

Pour mieux visualiser les obligations qui s’appliquent désormais, voici les axes majeurs de la RE 2020 :

  • Réduction de la consommation énergétique sur tout le cycle de vie
  • Intégration du bilan carbone dès la conception
  • Mise en place progressive pour tous les bâtiments tertiaires

Le secteur doit désormais s’aligner sur une trajectoire bas-carbone, et chaque acteur, promoteur, architecte, ingénieur, se retrouve au pied du mur : repenser ses méthodes, ses choix, ses priorités.

En quoi la RE 2020 se distingue-t-elle de la RT 2012 ?

Le passage de la RT 2012 à la RE 2020 n’a rien d’une transition douce. La première version se concentrait sur l’efficacité énergétique, fixant des seuils stricts pour la consommation d’énergie primaire (Cep), les besoins bioclimatiques (Bbio) et la température intérieure de confort (Tic). L’approche restait technique, focalisée sur le compteur et les besoins immédiats, sans interroger l’origine de l’énergie ou le poids carbone du bâti.

La RE 2020 change de braquet. Elle introduit le contrôle de la consommation d’énergie primaire non renouvelable (Cep,nr) et rend incontournable la question du bilan carbone sur l’ensemble du cycle de vie. Désormais, il ne suffit plus de bien isoler : il faut aussi sélectionner les bons matériaux, anticiper leur recyclage et limiter les émissions à chaque étape du projet.

Un nouvel indicateur s’invite dans le paysage : les degrés-heures d’inconfort (DH). Il mesure l’exposition des occupants à des températures trop élevées pendant l’été, là où la RT 2012 se contentait d’un seuil à ne pas franchir. La RE 2020 pousse à la modélisation fine des comportements thermiques, forçant les maîtres d’ouvrage à préparer les bâtiments aux étés de demain.

En somme, la RE 2020 ne se limite plus à plafonner les consommations : elle impose une logique globale qui fait du bâtiment bas carbone la nouvelle norme, tout en intégrant la question du confort en période de chaleur. C’est un véritable changement de paradigme pour tous les professionnels du secteur.

Quels enjeux concrets pour votre projet immobilier face à la réglementation environnementale ?

Impossible de passer à côté : chaque projet immobilier neuf, maison, appartement, bureau, école, doit désormais présenter une attestation RE 2020 au moment du dépôt de permis de construire. Cette pièce officielle prouve que le chantier respecte les seuils énergétiques et environnementaux en vigueur. Cela implique une étude thermique obligatoire et un contrôle régulier du choix des matériaux, des équipements et des procédés de construction.

Construire selon la RE 2020, c’est arbitrer différemment. Les bâtiments visent désormais le niveau BEPOS (bâtiment à énergie positive) ou, au minimum, un standard passif. Il faut réduire au maximum la consommation d’énergie primaire, renforcer l’isolation, et jouer la carte des matériaux biosourcés ou bas carbone. La conception bioclimatique ne relève plus du luxe, mais de la nécessité.

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) conserve son rôle central. Pour tout logement neuf, il garantit le respect des seuils fixés, rassure les futurs occupants sur la sobriété énergétique et la faible empreinte carbone du bien. Passer à la RE 2020 implique souvent un surcoût initial (5 à 10 % en moyenne), mais cet investissement paie sur la durée : économies d’énergie, valorisation immobilière, conformité aux normes futures.

La transition énergétique n’est pas qu’un slogan. Elle façonne désormais chaque programme immobilier neuf. Maîtriser ces exigences, c’est s’assurer une place solide sur le marché et limiter l’impact de son projet sur l’environnement.

Jeune femme discutant de plans numériques dans un salon écologique

Bonnes pratiques et conseils pour concevoir un bâtiment conforme à la RE 2020

Composer la bonne équipe dès le début

La réussite d’un projet RE 2020 repose sur l’alchimie entre le maître d’ouvrage, l’architecte, le contrôleur technique et le diagnostiqueur agréé. Leur coordination permet d’anticiper chaque contrainte réglementaire, d’adapter les choix techniques et d’éviter les mauvaises surprises. Soumettre le projet à un organisme de certification reconnu (HQE, BBCA) renforce la sécurité quant à la conformité environnementale.

Choix des matériaux et équipements

Pour réduire l’empreinte carbone sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, il est recommandé de sélectionner des matériaux biosourcés (ossature bois, isolants naturels, béton bas carbone). Intégrer des énergies renouvelables, comme des panneaux solaires pour l’électricité ou l’eau chaude, une pompe à chaleur performante ou une ventilation double flux, permet de limiter les consommations et de garantir un confort d’été optimal. La domotique joue également un rôle clé en optimisant la gestion de l’énergie.

Voici deux leviers concrets à activer sur votre chantier :

  • Renforcer l’isolation thermique afin de maîtriser les besoins en chauffage et climatisation.
  • Soigner la qualité de la ventilation pour préserver la santé des habitants et l’efficacité énergétique du bâtiment.

Suivi et contrôle tout au long du chantier

Pendant toute la durée du projet, il est indispensable de fournir les attestations RE 2020 à chaque étape clé. L’étude thermique réalisée en amont doit être régulièrement mise à jour, en fonction des modifications du chantier. Avant de livrer le bâtiment, l’intervention d’un diagnostiqueur agréé pour réaliser le DPE s’impose. Cette rigueur garantit un bien conforme et valorisé, prêt à affronter les évolutions à venir en matière de normes environnementales.

La RE 2020 n’a pas seulement déplacé le curseur : elle a redéfini les règles du jeu. S’y conformer, c’est préparer son projet à durer, à séduire, et à résister aux défis climatiques de demain.

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